STELLA MATUTINA

Michel devant nous, encore une fois

***

Nous nous retrouvons aujourd’hui

devant ce grand espace vide,

ce vaste désert aride,

cette nuit profonde,

cette solitude absolue

qui est la mort d’un ami très cher.

*

Tout ceux qui ont fait un Raid Goum

connaissent les grands espaces,

connaissent les déserts arides,

ils ont expérimente la solitude,

la peur de se perdre dans la nuit profonde.

*

C’est Michel qui nous a appris

à ne pas craindre la solitude.

C’est Michel qui nous a parlé souvent

de cette aventure terrible qui est la mort.

*

Il y a une raison très simple pour cela :

il aimait profondément la vie,

il avait un goût spécial pour la beauté,

il cherchait la qualité de l’amitié,

la profondeur de la pensée,

la pureté de la méditation,

il exigeait le courage de l’action.

*

Il avait soif de la vie,

il avait le désir de l’aube

quand il est encore noire dans la nuit.

Il était un chercheur d’étoiles,

un chercheur d’hommes.

Il cherchait en eux l’étoile du matin.

*

Je me rappelle très bien qu’un jour

il m’a appelé au téléphone

il était à Notre Dame de Monts avec Madeleine

pour me dire simplement :

«  Tu sais, Roberto,

cette nuit je me suis levé à 4 heures

et je suis allé marcher sur la plage :

il y avait des étoiles magnifiques ! »

*

Il voulait me réveiller,

il voulait réveiller l’homme neuf

qui est endormi en nous,

faire surgir du sommeil

une conscience plus vigile,

une espoir plus haute.

Il savait bien que pour gouter la nourriture

il fallait avoir eu faim ;

que pour réjouir de l’eau

il fallait avoir eu soif ;

que pour aimer la vie

il fallait avoir traversé le désert,

avoir accepté un peu de mourir.

*

Pour nous pousser à faire cela

il n’avait qu’une seule méthode,

une arme très efficace :

son exemple personnel.

*

Donc Michel,

au nom de Roberto, de Betty,

de Stephane, Laurence, Michel,

Xavier, Jacques, Didier, FX, Agnès,

Isabelle, Cendrine, Hubert, Antoine,

Xophe, Jean, Maria Gioia, Fabio,

Stefano, Elena…

(je ne peux pas les nommer tous…) ,

au nom de l’Equipe de tête,

de tous les Lanceurs de Raids,

de tous les Goumiers,

les hommes et les femmes que tu as emmené

à expérimenter le goût de l’aventure

et de la vie dans le désert,

au nom de tous les scouts catholiques

du monde entier,

je te dis, ici,

dans cette Eglise qui s’appelle Stella Matutina,

étoile du matin,

où tu nous as réunis encore une fois,

merci !

pour avoir témoigné

avec ta vie difficile et magnifique

qu’il y a l’aube à la fin de la nuit,

l’espoir après la tristesse,

il y a le courage après la peur,

il y a de la vie au fond du désert.

                                                                                                          Roberto Cociancich